Ségolène Royale a récemment déclaré qu'il fallait respecter un délai de décence avant de parler du problème nucléaire japonais. C'est une déclaration de bon sens qui a été interprétée comme une critique aux déclarations des Verts. On peut également ajoûter une deuxième objection: c'est qu'on ne sait pas dans quel état se trouvent les centrales et il faudra probablement attendre plusieurs mois voire pour plusieurs années avant d'avoir un état des lieux sur les faiblesses de ces systèmes.
Les députés ont lancé sans attendre une audition des spécialistes du nucléaire en France. Je n'ai pas suivi la session en entier voici globalement ce que j'en ai retenu.
- Les conditions météorologiques poussent les nuages radioactifs vers la mer ce qui est une bonne chose. En conséquence, seuls les premières dizaines de kilomètres à côté de la centrale sont dangereux.
- A long terme, il faudra créer une zone d'exclusion d'une 50 aine de kilomètre autour de la centrale.
- Il n'y a pas de risques liés aux radiations à Tokyo (1).
- La panne des triples systèmes de refroidissement était imprévisible.
- Pas de risques en France.
Maxime Gremetz a fait durant cette audition un esclandre a propos de voitures de ministres mal garées. Ce qui a provoqué l'indignation des ministres et de certains parlementaires. Cette indignation me parait exagérée pour plusieurs raisons.
D'abord parce que les informations des spécialistes français sont quasiment les mêmes que celles des spécialistes japonais. Ensuite parce qu'elle ne donne aucune visibilité: combien de temps va durer la combustion du MOX avant que l'on puisse de nouveau s'approcher des réacteurs ? Quels sont les scénarios possibles ? Et l'absence des ces réponses montrent que tout est possible...
Mais certains ont déjà commencé à évoquer l'arrêt de certaines centrales vétustes, la sécurité des centrales françaises, bref que des questions sur lesquels on est incapables de répondre à l'heure actuelle car il faudra plusieurs années avant que l'on ne puisse approcher les coeurs des réacteurs fondus et avoir une idée de ce qui a défailli. Sans compter tous ces sénarios que l'on ne peut imaginer ou pour lesquels on n'a pas de solutions.
Plusieurs évidences apparaissent néanmoins, le nucléaire ne concerne pas que le pays dans lequel se trouve les centrales mais également les pays voisins. Que dirions-nous si l'Espagne avait une centrale nucléaire à la frontière française avec des conditions météo qui pousseraient les particules radioactives vers nous ? C'est peut-être ce que nous avons fait avec certains de nos voisins. Ensuite se pose la question de la consommation: comment baisser la consommation ? Faut-il rationner l'électricité ? Faut-il augmenter les normes d'isolation et comment les contrôler ? Y a-t-il des appareils à bannir ? Faut-il baisser les couverture d'antennes mobiles ? Sommes-nous prêts à faire ces efforts ?
C'est un projet de présidentielles, de volonté politique et de volonté du peuple.
1) La distribution de pillules d'iode montre que la situation a depuis évoluée. Sans que l'on explique comment l'iode a pu être contaminé.